mardi 13 décembre 2011

Accord de Durban : bien... mais peut mieux faire

L'accouchement s'est fait dans la douleur. Il aura fallu prolonger de trente-six heures le sommet de Durban sur le climat et travailler deux nuits blanches pour que les 194 pays réunis en Afrique du Sud aboutissent à une feuille de route commune afin de lutter contre le réchauffement. Le compromis est timide. Les plus critiques estiment même que le texte adopté au petit matin du dimanche 11 décembre n'a vraiment rien de glorieux, alors que les effets du changement climatique sont de plus en plus évidents sur l'ensemble de la planète et que les scientifiques ne cessent de tirer le signal d'alarme.
Le consensus obtenu mérite pourtant d'être salué. Depuis des mois, les projecteurs du monde entier sont braqués sur la crise de la dette et ses conséquences économiques et sociales, reléguant le climat au second plan. L'emploi et le pouvoir d'achat préoccupent aujourd'hui davantage les électeurs que la montée des eaux et la multiplication des événements extrêmes. Les négociateurs en étaient parfaitement conscients. Ils ont, néanmoins, avancé. Pour la première fois, tous les grands pays émetteurs de gaz à effet de serre ont accepté de s'inscrire dans un accord global de réduction de leurs émissions, qui devra être précisé au plus tard d'ici à 2015 et entrer en vigueur en 2020. Le protocole de Kyoto, seul traité international qui contraint une quarantaine d'Etats industrialisés à diminuer leurs rejets de CO2 et qui venait échéance fin 2012, est sauvé : l'Union européenne, ainsi que, certainement la Norvège et la Suisse, acceptent de le prolonger. C'est mieux que rien.
Cet engagement sur l'avenir a été possible grâce à l'opiniâtreté de l'Europe qui, au fil des dix-sept jours de négociations, a joué un rôle moteur, contrant la volonté des Etats-Unis, du Canada et du Japon de tirer les discussions vers le moins-disant climatique. Même si Barack Obama est convaincu de la nécessité de faire émerger une économie verte, il est désormais pris en otage par les Républicains majoritaires à la chambre des Représentants qui, eux, n'y croient pas. La Chine, elle, a joué profil bas, se montrant tantôt de bonne ou de mauvaise volonté, et tentant de faire oublier qu'elle était désormais le premier pollueur mondial.
L'Europe ne doit pas lâcher prise, car tout reste à faire d'ici à 2015. Le Danemark succèdera en janvier à la Pologne – pays très gourmand en charbon –, à la présidence de l'Union européenne et devrait se montrer à la hauteur des enjeux. Copenhague pourra ainsi s'appuyer sur Connie Hedegaard, la commissaire européenne sur le climat qui a refusé de rendre les armes à Durban, et qui sera en poste jusqu'en 2014.
Le cadre juridique des engagements à venir reste en effet à préciser. Le texte rédigé en Afrique du Sud ouvre le champ à toutes les interprétations, des plus strictes aux plus laxistes. C'est une brèche dans laquelle plusieurs pays seront tentés de s'engouffrer, oubliant que l'urgence climatique impose à chacun de transcender ses intérêts particuliers. Il faut les en dissuader.



Le monde.Fr

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